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Meurice

Un déjeuner pas comme les autres

Le 19 décembre, 80 bénéficiaires du Secours populaire étaient invités, par Le Meurice, à venir partager un moment festif et de haute gastronomie. Clarisse, bénévole à la maraude du Secours populaire de Paris, nous fait part du vécu de Jacques et Pascal, deux personnes sans abri suivies par la maraude depuis plusieurs années.

Bonjour à tous,

Ce midi, Le Meurice invitait 80 bénéficiaires du Secours populaire à venir partager un moment festif et de haute gastronomie. L’occasion pour deux chanceux de la maraude, Jacques et Pascal, d’y participer et de rompre avec le quotidien des longues journées d’hiver.

Les premiers sur place, (ils étaient arrivés 1h en avance, histoire de repérer les lieux, faire un petit tour aux alentours, explorer la carte du restaurant, les prix, le prestige, et la carte de vins), ils salivaient d’avance sur ce qu’on allait leur servir...

“ça fout le vertige !”

Après un petit tour par le vestiaire pour se décharger des lourds sacs à dos et gros manteaux, nos deux amis se laissent timidement conduire par le maître d’hôtel à travers les couloirs en marbre du sol au plafond, profitant des grand miroirs pour, d’un rapide coup d’œil, vérifier que le polo est correctement rentré dans le pantalon et que la mèche rebelle est en place. Pascal d’habitude si jovial, voir taquin, entre dans le petit salon cosy, tout en retenue et peut-être avec un peu d’appréhension dans le regard

Jacques n’est pas plus rassuré et me suit de près !

Une charmante jeune femme leur propose une flûte de champagne.

“Dis donc, c’est du bon, ils se foutent pas de nous !”

Un serveur s’approche un plateau d’argent à la main et leur propose de petits carrés de foie-gras sur biscuit de sésame et chapeau à l’orange. Jacques et Pascal goûtent tous les petits fours qui passent ! Et si ça repasse, ils regoûtent encore…

“Faut profiter !”

Les bulles de champagne pétillent sous la langue, et voilà Pascal et Jacques souriants et blagueurs à nouveau.

Le maître d’hôtel fait ouvrir les grandes portes et le “salon Pompadour” se dévoile : lustres majestueux en cristal de roche, décor Napoléon Bonaparte doré à la feuille, grandes tablées, nappes blanches et fines vaisselles. Pascal et Jacques en sont muets !

Salon Pompadour

Nous voilà à peine assis que déjà le ballet des serveurs, sommeliers et maître d’hôtel commence ; Pascal se familiarise vite avec le cérémonial du service et se laisse servir avec délice. Il sympathise avec sa voisine de gauche avant même que l’entrée soit servie. Pascal drague…

Jacques reste encore un peu sur la défensive et sursaute à chaque fois qu’un serveur vient lui resservir un verre de vin, le remerciant dix fois au moins à chaque passage. Il lui faudra arriver au dessert pour se détendre complètement, afficher un large sourire et lancer quelques remarques amusantes au reste de la tablée.

Déclinaison de potiron en délicat velouté de châtaignes

L’entrée : "déclinaison de potiron en délicat velouté de châtaignes" remporte un franc succès.

Le plat principal : "saveur terre/mer en habit pourpre de betterave" est dégustée et ce sont des assiettes vides et parfaitement saucées qui repartent en cuisine.

Tout le monde fait également honneur à l’assiette de fromage.

Quant à "la sphère au chocolat”, elle n’est pas longtemps admirée tant elle semble aussi bonne que belle.

Pascal lèche sa cuillère en argent avec gourmandise, en ironisant : “Je ne suis pourtant pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche !”.

Puis, il profite d’un petit moment entre le dessert et le café pour filer aux toilettes et en revenir très très enthousiaste !!!

“Faut aller voir ! la lunette se lève toute seule !”

Un petit café et sa mignardise, et c’est déjà la fin du déjeuner.

Pascal et Jacques veulent aller remercier le maître d’hôtel avant de quitter l'assemblée, quand ce dernier leur tend un petit sac rempli de petits cadeaux souvenirs du Meurice. Tant de petites attentions, Jacques en rougit !

“En plus de tout, vous nous offrez des cadeaux !”

Pascal lui, a déjà le nez au fond du sac pour découvrir ce qu’il renferme :

“On les offrira aux maraudeurs vendredi prochain, ça leur fera plaisir! “

En reprenant ses affaires, Pascal demande au concierge s’il peut garder le petit coupon du vestiaire. Jacques jette un dernier regard déjà nostalgique vers le couloir qui mène au salon Pompadour et tous deux quittent le Meurice, le sourire jusqu’aux oreilles, des souvenirs plein la tête !

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